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Page:Montblanc - Le Japon, ses institutions, ses produits, ses relations avec l'Europe, 1867.pdf/34

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bénéfices, et qui serait injustifiable envers un peuple qui représente tous les éléments d’action que réclame notre civilisation.

Dans ces considérations, comme dans l’appréciation de nos intérêts, comme dans l’étude des ressources puissantes du Japon, tout nous montre le but, qui doit consister simplement en ceci : Aider au développement naturel de cette nation dans son génie spécial, et retrouver chez elle de nouveaux éléments d’activité pour nous-mêmes en respectant son organisation politique.

Non-seulement l’intérêt de l’Occident est d’accord avec l’intérêt du Japon, mais les Japonais le savent, et l’examen des faits nous montre les esprits dans les hautes régions des pouvoirs indigènes, entièrement disposés à une alliance intime et progressive. Dans ce sens, nous voyons se produire au Japon un mouvement intelligent et matériellement puissant, qui réunit les pouvoirs et les individualités privées dans le même courant.

Ne contrarions pas cette disposition, comme cela eut lieu à une autre époque. En 1542, les Japonais avaient déjà ouvert les bras aux premiers représentants de l’Occident qui foulèrent alors le sol de leur terre lointaine. Le christianisme se développa chez eux jusqu’en 1638 ; mais, à cette date, éclata la rébellion chrétienne de Arima et de Sima-Barra, et ce soulèvement, provoqué par l’étranger, mit un terme à la considération dont les chrétiens étaient entourés ; ils furent massacrés, et la religion du Christ fut prohibée.

De 1638 à 1854, les Japonais s’isolèrent complètement. Humbles témoins des anciennes relations, quelques Hollandais furent relégués à Decima.

En 1854, survint l’initiative des Américains, qui s’adressèrent à Yedo pour traiter avec le Japon. Ils réussirent, c’est-à-dire qu’ils furent admis sur quelques points des domaines dont Yedo est la capitale. Le premier traité des États-Unis eut lieu le 31 mars 1854. Trois ans après, le 17 juin 1857, une convention fut faite. Enfin, une alliance commerciale fut définitivement conclue entre les deux peuples, le 29 juillet 1858. Les Anglais suivirent leur exemple par une première convention le 14 octobre 1854, et par un traité signé le 29 août 1858. La Russie ne resta pas longtemps en arrière. Elle traita d’abord le 28 janvier 1855, puis le 7 août 1858. À la suite de cette triple action, vinrent les Pays-Bas, le 30 janvier 1856 ; la France, le 9 octobre 1858 ; le Portugal, le 3 août 1860. Enfin, la route fut ouverte à toutes les nations qui demandèrent à Yedo les mêmes privilèges.

D’après ces traités, Hakodadé, Kanagawa et Nangasaki furent désignés comme premiers postes d’admission pour les étrangers. Ces