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Page:Montblanc - Le Japon, ses institutions, ses produits, ses relations avec l'Europe, 1867.pdf/35

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villes ne sont pas ouvertes dans l’empire japonais, suivant le sens général que l’on donne d’habitude au mot empire, mais seulement sur les territoires dépendant des princes de Kwanto avec lesquels les étrangers ont traité. Outre ces trois stations d’échange et de contact superficiel, l’ouverture de quatre autres ports et villes devait être faite par le gouvernement de Yedo sur son territoire, à des époques déterminées. Le dernier terme était 1863. Malgré les conventions, nous voici, en 1867, admis seulement dans les trois premières villes ouvertes : Nangasaki, Yokohama, échangé contre Kanagawa, et Hakodadé. Les rapports restent superficiels nous avons trois stations dans une des principautés du Japon mais le Japon politique, industriel et commercial ne nous est pas ouvert.

En résumé, la situation actuelle s’exprime par l’accord naturel des intérêts de l’Europe avec ceux du Japon par la conscience qu’ont les Japonais de cet accord par leur mouvement d’autonomie vers l’alliance véritable ; par leurs dispositions généreuses et intelligentes déjà manifestées, il y a plus de trois cents ans, dans un courant brusquement arrêté à la suite de l’injustice et de la violence des prétentions étrangères. Aujourd’hui, le même courant s’est reformé l’alliance d’abord imposée est maintenant le mot d’ordre de l’autonomie japonaise. Malgré cela, certaines appréhensions s’interposent entre les Japonais et les étrangers. Telle est la situation qui nous présente ce curieux phénomène de prémisses concluant à l’accord parfait et aboutissant au contraire. Les étrangers auraient-ils donc commis de nouveau la faute dont ils ont été les victimes en 1638 et semé la défiance dans une terre disposée à produire l’union confiante de deux courants, dont l’un doit être le complément de l’autre ? C’est l’examen des faits qui doit nous répondre.

Au début de la question, on s’adressa au gouvernement de Yedo ; là n’était pas le mal. Le chef de ce gouvernement est un prince particulier, maître dans ses États, et qui, par lui-même, pouvait commencer à donner satisfaction aux étrangers. Cependant, au-dessus de la question de fait particulier, il y avait une question de droit général ; car le pays tout entier avait accepté l’expulsion perpétuelle des étrangers en 1638. Il fallait abroger ce décret, et la chambre fédérale seule, se manifestant par la décision du Mikado, était apte à légitimer une nouvelle admission des étrangers sur le sol japonais. C’est pour cela que les traités conclus avec le prince de Kwanto furent faits au nom du Mikado, qui devait les ratifier. Les Américains n’attendirent pas la décision de Kioto ; ils crurent à un prétexte de la part du gouvernement de Yedo et non pas à un fait légal. Par là, ils mirent ce gouvernement dans une fausse position vis-à-vis des autres gouvernements du pays.