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Page:Montblanc - Le Japon, ses institutions, ses produits, ses relations avec l'Europe, 1867.pdf/37

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lui ont infligée, et se rattacher à l’ordre intérieur auquel il ne peut échapper.

Ce sont donc les effets de cette politique d’exclusion, protectrice d’un seul prince, qui nous arrêtent devant un peuple disposé a nous donner de grandes satisfactions sociales, industrielles et commerciales. Et quel reproche pouvons-nous faire au shiogoune lui-même à propos de la non-exécution du traité conclu avec lui ? C’est de plein gré que nous avons suivi cette voie, et c’est nous-mêmes qui apportons les complications qui entravent le résultat final. En réalité, cette attitude est dangereuse pour le prince de Kwanto, et de plus elle est nuisible aux intérêts de l’industrie et du commerce de l’Europe dont elle limite la sphère d’action. Cette politique prive l’Europe de relations nouvelles, arrête l’essor des premiers privilèges concédés et met les intérêts privés en face d’un monopole, au lieu de les laisser libres devant les besoins d’une nation intelligente, qui désire l’alliance étrangère, mais refuse de courber la tête devant un ordre factice, éclos dans le cerveau des Européens.

En dehors de ces considérations pénibles, la politique d’exclusion nous menace d’un véritable danger : ce serait de nous obliger à prendre un rôle d’immixion intérieure. Ce rôle, en désaccord avec l’intérêt de nos finances publiques, réprouvé par le sentiment de notre époque, condamné par l’expérience du passé, serait la conséquence naturelle du patronage exclusif que nous accordons au prince de Kwanto ; en outre, ce rôle serait particulièrement ingrat, parce que les intérêts du prince l’entraînant dans le courant national, nous serions alors au Japon des protecteurs sans protégé.

À toutes ces difficultés, le remède est facile c’est de considérer notre premier acte diplomatique au Japon comme le début d’une politique libérale et non comme le fait accompli d’une politique exclusive.

Au lieu de nous immiscer dans la question d’ordre intérieur, cherchons à donner satisfaction à nos intérêts moraux, scientifiques, industriels et commerciaux. Nous respecterons ainsi le droit des autres, en réalisant pour nous-mêmes les plus grands avantages. À l’abri de notre première alliance, se développe déjà un commerce important ; mais il dépend de nous de lui donner une importance plus considérable par un contact plus intime ; il dépend de nous d’obtenir l’introduction du travail européen dans le pays, d’entrer en alliance réelle avec la nation, et de franchir sans violence les limites tracées à la suite de nos premières relations. Nous nous trouverons alors directement en face d’un peuple capable d’imprimer un essor puissant a des intérêts légitimes de la civilisation occi-