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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

joie. Il fut obligé aussi de faire par ce règlement, qui paroîtroit peut-être minutie en Europe, pour réduire les officiers à être deux dans une canonnière de soldats, et n’apporter aucune espèce d’équipages et vivre avec la ration du soldat. Persuadé que dans les occasions, l’exemple est plus décisif que l’ordre, il ne leur a donné, et n’a eu lui-même d’autre habitation avec un de ses aides de camp, qu’une canonnière de toile. Ces divers arrangements étant pris, il fit une revue des corps de troupes qui étoient à ses ordres, et par l’état qu’il nous en a remis, elle se montoit à deux mille sept cent soixante-trois hommes, dont des régiments de la Sarre, Guyenne et Béarn, quatorze cent quatre-vingt-six. Le reste étoit composé de canonniers de la colonie, de Canadiens, et de ce que l’on appelle les voyageurs des pays d’En-Haut, à qui le marquis de Vaudreuil avoit ordonné de s’arrêter avec le sieur Montigny, pour concourir à cette expédition, ce qui, joint avec ce qui étoit aux ordres de M. de Rigaud, faisoit en tout environ trois mille deux cents hommes. Le marquis de Montcalm ayant jugé convenable pour la sûreté de son artillerie et faciliter sa retraite, en cas que l’ennemi lui opposât des forces supérieures, de faire marcher son armée sur deux divisions, il partit le 5 de Frontenac avec M. de Bourlamaque, les régiments de la Sarre et de Guyenne et la moitié des Canadiens ; il emmena avec lui le chevalier Le Mercier, l’ingénieur et quatre pièces de canons de 11 pris sur les Anglois à la Belle-Rivière. Il donna ordre à M. de l’Hôpital de partir le 7 avec l’autre portion des miliciens, quatre-vingts bateaux chargés du reste de l’artillerie, des munitions de guerre,