Paris (car ici toutes les bagatelles s’impriment, se publient et s’achètent). J’ai cru que je ferais bien de te l’envoyer, parce qu’elle a du rapport à notre sujet.
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« Il y avait, dans notre ville, un malade qui ne dormait point depuis trente-cinq jours. Son médecin lui ordonna l’opium : mais il ne pouvait se résoudre à le prendre ; et il avait la coupe à la main, qu’il était plus indéterminé que jamais. Enfin, il dit à son médecin : Monsieur, je vous demande quartier seulement jusqu’à demain : je connais un homme qui n’exerce pas la médecine, mais qui a chez lui un nombre innombrable de remèdes contre l’insomnie ; souffrez que je l’envoie quérir : et, si je ne dors pas cette nuit, je vous promets que je reviendrai à vous. Le médecin congédié, le malade fit fermer les rideaux, et dit à un petit laquais : Tiens, va-t’en chez M. Anis, et dis-lui qu’il vienne me parler. M. Anis arrive. Mon cher monsieur Anis, je me meurs ; je ne puis dormir : n’auriez-vous point, dans votre boutique, la C. du G.. ! [2] ou bien quelque livre de dévotion composé par un R. P. J. [3] que vous n’ayez pas pu vendre ? car souvent les remèdes les plus gardés sont les meilleurs. Monsieur, dit le libraire, j’ai chez moi la Cour sainte du père Caussin, [4] en six volumes, à votre
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L’auteur, dans le manuscrit qu’il avait confié, de son vivant, aux libraires, a jugé à propos de faire des retranchements. On n’a pas cru devoir en priver le lecteur, qui les trouvera ici en notes.*
Il y a bien des choses que je n’entends pas : mais toi, qui es médecin, tu dois entendre le langage de tes confrères.
- ↑ La Connaissance du globe, suivant les anciens éditeurs.
- ↑ A. C. Révérend père jésuite.
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Le P. Caussin, jésuite, né à Troyes, confesseur de Louis XIII, exilé par Richelieu. Mémoires de Mathieu Marais, t. II, p. 432.
- C’est dans l’édition de 1758 que pour la première fois on a mis en note la lettre d’un médecin de province.