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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t5.djvu/107

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LIVRE XXIII, CHAP. XXI.


république. J’ai augmenté les peines de ceux qui n’ont point obéi ; et, à l’égard des récompenses, elles sont telles que je ne sache pas que la vertu en ait encore eu de plus grandes : il y en a de moindres qui portent mille gens à exposer leur vie ; et celles-d ne vous engageroient pas à prendre une femme et à nourrir des enfants ? »

Il donna la loi qu’on nomma de son nom Julia, et Papia Poppaea du nom des consuls [1] d’une partie de cette année-là. La grandeur du mal paroissoit dans leur élection même : Dion [2] nous dit qu’ils n’étoient point mariés, et qu’ils n’avoient point d’enfants.

Cette loi d’Auguste fut proprement un code de lois, et un corps systématique de tous les règlements qu’on pouvoit faire sur ce sujet. On y refondit les lois Juliennes [3], et on leur donna plus de force ; elles ont tant de vues, elles influent sur tant de choses, qu’elles forment la plus belle partie des lois civiles des Romains.

On en trouve [4] les morceaux dispersés dans les précieux fragments d’Ulpien, dans les lois du Digeste tirées des auteurs qui ont écrit sur les lois Papiennes ; dans les historiens et les autres auteurs qui les ont citées ; dans le code Théodosien qui les a abrogées ; dans les Pères qui les ont censurées, sans doute avec un zèle louable pour les choses de l’autre vie, mais avec très-peu de connoissance des affaires de celle-ci.

Ces lois avoient plusieurs chefs, et l’on en connoit trente-cinq [5]. Mais, allant à mon sujet le plus directement

  1. Marcus Papius Mulilus et Q. Poppœus Sabinus, Dion, liv. LVI. (M.)
  2. Dion, liv. LVI. (M.)
  3. Le titre XIV des Fragments d'Ulpien distingue fort bien la loi Julienne de la Papienne. (M.)
  4. Jacques Godefroi en a fait une compilation. (M.)
  5. Le trente-cinquième est cité dans la loi 19, ff.. de ritu nuptiarum. (M.)