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ÉLOGE DE BERWICK.

seils timides l’en avoient empêchée. On vouloit qu’elle se retirât à Pampelune : M. le maréchal de Berwick fit voir que, si l’on prenoit ce parti, tout étoit perdu, parce que les Castillans se croiroient abandonnés. La reine se retira donc à Burgos avec les Conseils, et le roi arriva à la petite armée. Les Portugais vont à Madrid ; et le maréchal par sa sagesse, sans livrer une seule bataille, fit vider la Castille aux ennemis, et rencoigna leur armée dans le royaume de Valence et l’Aragon. Il les y conduisit marche par marche, comme un pasteur conduit des troupeaux. On peut dire que cette campagne fut plus glorieuse pour lui qu’aucune de celles qu’il a faites, parce que les avantages n’ayant point dépendu d’une bataille, sa capacité y parut tous les jours. Il fit plus de dix mille prisonniers ; et par cette campagne il prépara la seconde, plus célèbre encore par la bataille d’Almanza, la conquête du royaume de Valence, de l’Aragon, et la prise de Lérida.

Ce fut en cette année 1707 que le roi d’Espagne donna au maréchal de Berwick les villes de Liria et de Xerica, avec la grandesse de la première classe ; ce qui lui procura un établissement plus grand encore pour son fils du premier lit, par le mariage avec dona Catharina de Portugal, héritière de la maison de Veraguas, M. le maréchal lui céda tout ce qu’il avoit en Espagne.

Dans le même temps Louis XIV lui donna le gouvernement du Limousin, de son propre et pur mouvement, sans qu’il le lui eût demandé.

Il faut que je parle de M. le duc d’Orléans ; et je le ferai avec d’autant plus de plaisir, que ce que je dirai ne peut servir qu’à combler de gloire l’un et l’autre.

M. le duc d’Orléans vint pour commander l’armée. Sa mauvaise destinée lui fit croire qu’il auroit le temps de