Aller au contenu

Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
158
PENSÉES DIVERSES.

savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime[1].

Je souhaite avoir des manières simples, recevoir des services le moins que je puis, et en rendre le plus qu’il m’est possible.

Je n’ai jamais aimé à jouir du ridicule des autres. J’ai été peu difficile sur l’esprit des autres. J’étais ami de presque tous les esprits, et ennemi de presque tous les cœurs.

J’aime mieux être tourmenté par mon cœur que par mon esprit.

Je fais faire une assez sotte chose ; c’est ma généalogie.


DES ANCIENS.


J’avoue mon goût pour les anciens ; cette antiquité m’enchante, et je suis toujours prêt à dire avec Pline : « C’est à Athènes que vous allez, respectez les dieux. »

L’ouvrage divin de ce siècle, Télémaque, dans lequel Homère semble respirer, est une preuve sans réplique de l’excellence de cet ancien poète. Pope seul a senti la grandeur d’Homère.

Sophocle, Euripide, Eschyle, ont d’abord porté le genre d’invention au point que nous n’avons rien changé depuis aux règles qu’ils nous ont laissées, ce qu’ils n’ont pu faire sans une connaissance parfaite de la nature et des passions.

J’ai eu toute ma vie un goût décidé pour les ouvrages

  1. La Place, dans ses Pièces intéressantes, etc. tome V, cite ainsi la fin de la phrase : « … qui fut préjudiciable à l’Europe, ou bien, qui fut utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, etc. »…