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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE CXLI.


A L’ABBÉ COMTE DE GUASCO,


A NAPLES.


Je suis à Paris depuis quelque temps, mon cher Comte. Je commence par vous dire que notre libraire Huart sort de chez moi, et il m’a dit de très-bonnes raisons qu’il a eues pour vous faire enrager ; mais vous recevrez au premier jour votre compte et votre mémoire.

Vous avez une boîte pleine de fleurs d’érudition que vous répandez à pleines mains dans tous les pays que vous parcourez. Il est heureux pour vous d’avoir paru avec honneur devant le pape [1] ; c’est le pape des savants : or, les savants ne peuvent rien faire de mieux que d’avoir pour leur chef celui qui l’est de l’Église. Les offres qu’il vous a faites seroient tentantes pour tout autre que pour vous, qui ne vous laissez pas tenter, même par les apparences de la fortune, et qui avez les sentiments d’un homme qui l’auroit déjà faite. Les belles choses que vous me dites de M. le comte de Firmian [2] ne sont point entièrement nouvelles pour moi : il est de votre devoir de me procurer l’honneur de sa connoissance ; et c’est à vous à y travailler, sans quoi

  1. Benoit XIV, l’ayant fait agréger à l'Académie de l’Histoire romaine, il avoit lu une dissertation sur le Préteur des Étrangers en présence de Sa Sainteté qui assistoit régulièrement aux assemblées qu’il faisoit tenir dans le palais de sa résidence. Cette dissertation fut imprimée à Rome, et est insérée dans les Mémoires de l’Académie du Cortone, t. VII. (GUASCO.)
  2. Alors ministre impérial à Naples, et actuellement ministre plénipotentiaire des États de Lombardie Milan, admirateur des ouvrages de M. de Montesquieu, et ami des gens de lettres de tous les pays. (G.)