que de méchanceté dans notre fait ; vous connoissez aussi ceux sur qui vous pouvez compter. Ne vous souciez pas d’une femme acariâtre, des caillettes et des âmes basses. Je vous défends bien positivement à présent d’aller chanter matines à Tournay avant que j’arrive à Paris : il ne faut point avoir le cœur plein d’amertume pour louer Dieu.
Quand je serai à Paris, j’espère que nous éclaircirons toute cette affaire, et que nous connoîtrons la source de cette
tracasserie. Vous êtes un pyrrhonien, si vous doutez de mon voyage : nous nous verrons plus tôt que vous ne croyez.
Mon fils
[1], qui est à Clérac, a bien mal aux yeux ; nous serons peut-être trois aveugles, vous, lui, et moi. Nous renouvellerons la danse des aveugles
[2] pour nous consoler.
- Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.
- De Bordeaux, le 25 décembre 1754.
Je n’ai rien négligé, mon cher ami, pour découvrir
- ↑ Le baron de Secondât, fils de Montesquieu, est mort à Bordeaux en 1795. Il avoit cultivé les sciences toute sa vie.
- ↑
Pierre Michaut, secrétaire du duc de Charolois, et poëte du temps de Louis XI, composa une poésie sous ce titre. Voyez les Mémoires de l’Académie
des belles-lettres, t. IX, in-4o, p. 749. (GUASCO.)
La Danse aux aveugles venoit d’être publiée à Lille en 1748, in-8o, par l’imprimeur Panckoucke.