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Page:Montesquieu - Considérations, éd. Barckhausen, 1900.djvu/26

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Quant aux passages où l’on peut soupçonner des erreurs qui intéresseraient le sens des phrases, nous ne nous sommes point reconnu le droit de les rectifier. Nous les avons simplement signalés dans nos notes. On a trop souvent touché à la prose de Montesquieu parce qu’on ne l’entendait point[1]. En songeant à l’audace malheureuse des autres, nous nous sommes interdit toute témérité. Sans excuse de la part d’un simple légiste, elle nous eût attiré justement le reproche de suffisance.

Entre autres procédés qui nous semblent condamnables, citons la pratique des éditeurs qui ont repris certaines leçons de l’édition princeps corrigées dans l’édition de 1748, et cela même lors qu’elles sont moins satisfaisantes que les nouvelles. Ainsi, au chapitre xi, c’est bien l’administration, non l’admiration du peuple[2], et, au chapitre xxiii, c’est des choses, non des causes[3], qu’il faut lire. Dans le premier passage, il s’agit du gouvernement de Rome, désigné également par le mot d’administration dans un endroit du chapitre xix[4], et, dans le second passage, il est plus correct de mettre que l’Empire était soutenu, par des choses que par des causes particulières : car une cause ne soutient point.

On ne saurait trop se défier de la manie de corriger les grands écrivains, en substituant des locutions inexactes ou plates à des expressions qui étonnent un peu au premier abord.

Dans l’Appendice, dont nous avons fait suivre le texte des Considérations, nous avons recueilli tous les fragments que nous ont fournis les archives de La Brède, et que l’auteur s’était proposé de mettre dans son ouvrage alors qu’il le rédigeait, ou quand il le revit plus tard. Bien entendu, ces morceaux présentent un intérêt inégal. Les plus curieux sont les chapitres additionnels où sept ou huit paragraphes de la Monarchie universelle en Europe devaient être reproduits ou refondus.

D’autres extraits des mêmes manuscrits ont été insérés dans les Notes et Variantes de ce volume. Les uns sont empruntés au registre des Corrections, dont nous avons donné le texte intégral, mais en rangeant les divers articles (sauf pour les chapitres additionnels dont il vient d’être question) dans l’ordre des pages auxquelles les corrections se rapportent. Les autres sont pris dans les trois tomes

  1. Ainsi presque tous les éditeurs modernes des Considérations ont substitué Orient à Occident, dans le 14e alinéa du chapitre xxiii, parce qu’ils n’ont pas compris qu’il s’agissait de l’Occident de l’Empire de Byzance.
  2. Considérations, chapitre xi, 15e alinéa.
  3. Considérations, chapitre xxiii, 9e alinéa.
  4. Considérations, chapitre xix, 20e alinéa : « Cette division dans l’administration », c’est-à-dire de l’Empire.