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CHAPITRE VIII.

Continuation du même sujet.


AINSI, quand une république tient quelque peuple sous sa dépendance, il faut qu’elle cherche à réparer les inconvéniens qui naissent de la nature de la chose, en lui donnant un bon droit politique & de bonnes loix civiles.

Une république d’Italie tenoit des insulaires sous son obéissance : mais son droit politique & civil, à leur égard, étoit vicieux. On se souvient de cet acte[1] d’amnistie, qui porte qu’on ne les condamneroit plus à des peines afflictives sur la conscience informée du gouverneur. On a vu souvent des peuples demander des privileges : ici le souverain accorde le droit de toutes les nations.


CHAPITRE IX.

D’une monarchie qui conquiert autour d’elle.


SI une monarchie peut agir long-temps avant que l’aggrandissement l’ait affoiblie, elle deviendra redoutable ; & sa force durera tout autant qu’elle sera pressée par les monarchies voisines.

Elle ne doit donc conquérir que pendant qu’elle reste

dans
  1. Du 18 octobre 1738, imprimé à Gênes, chez Franchelli. Vietiamo al nostro general-governatore in detta isola di condanare in avenire solamente ex informatà conscientià persona alcuna nazionale in pena afflittiva. Potrà ben si far arrestare ed incarcerare le persone che gli saranno sospette ; salvo di renderne poi à noi sollecitamente. Article VI.