Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/480

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plus grand pour celui-ci, que pour un peuple qui vit de ses troupeaux. Il en faut un plus grand pour ce dernier, que pour un peuple qui vit de sa chasse.


CHAPITRE IX.

Du terrein de l’Amérique.


CE qui fait qu’il y a tant de nations sauvages en Amérique, c’est que la terre y produit d’elle-même beaucoup de fruits dont on peut se nourrir. Si les femmes y cultivent autour de la cabane un morceau de terre, le maïs y vient d’abord. La chasse & la pêche achevent de mettre les hommes dans l’abondance. De plus : les animaux qui paissent, comme les bœufs, les buffles, &c., y réussissent mieux que les bêtes carnacieres. Celles-ci ont eu de tout temps l’empire de l’Afrique.

Je crois qu’on n’auroit point tous ces avantages en Europe, si l’on y laissoit la terre inculte ; il n’y viendroit gueres que des forêts, des chênes & autres arbres stériles.


CHAPITRE X.

Du nombre des hommes, dans le rapport avec la maniere dont ils se procurent la subsistance.


QUAND les nations ne cultivent pas les terres, voici dans quelle proportion le nombre des hommes s’y trouve. Comme le produit d’un terrein inculte est au produit d’un terrein cultivé ; de même le nombre des sauvages, dans un pays, est au nombre des laboureurs dans un autre : &, quand le peuple qui cultive les terres cultive aussi les arts, cela suit des proportions qui demanderoient bien des détails.