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Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/277

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Chapitre VII

Continuation du même sujet. Nécessité de bien composer les lois.


La loi de l’ostracisme fut établie à Athènes, à Argos et à Syracuse[1]. À Syracuse elle fit mille maux, parce qu’elle fut faite sans prudence. Les principaux citoyens se bannissaient les uns les autres, en se mettant une feuille de figuier à la main[2] ; de sorte que ceux qui avaient quelque mérite quittèrent les affaires. À Athènes, où le législateur avait senti l’extension et les bornes qu’il devait donner à sa loi, l’ostracisme fut une chose admirable : on n’y soumettait jamais qu’une seule personne ; il fallait un si grand nombre de suffrages, qu’il était difficile qu’on exilât quelqu’un dont l’absence ne fût pas nécessaire.

On ne pouvait bannir que tous les cinq ans : en effet, dès que l’ostracisme ne devait s’exercer que contre un grand personnage qui donnerait de la crainte à ses concitoyens, ce ne devait pas être une affaire de tous les jours.

Chapitre VIII

Que les lois qui paraissent les mêmes n’ont pas toujours eu le même motif.


On reçoit en France la plupart des lois des Romains sur les substitutions ; mais les substitutions y ont tout un

  1. Aristote, républiquen livre V, chapitre III.
  2. Plutarque, vie de Denys.