Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/30

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Rien ne doit être si exempt de variation, que ce qui est la mesure commune de tout.

Le négoce, par lui-même, est très-incertain ; & c’est un grand mal d’ajouter une nouvelle incertitude à celle qui est fondée sur la nature de la chose.


CHAPITRE IV.

De la quantité de l’or & de l’argent.


LORSQUE les nations policées sont les maîtresses du monde, l’or & l’argent augmentent tous les jours, soit qu’elles le tirent de chez elles, soit qu’elles l’aillent chercher là où il est. Il diminue, au contraire, lorsque les nations barbares prennent le dessus. On sçait quelle fut la rareté de ces métaux, lorsque les Goths & les Vandales d’un côté, les Sarrasins & les Tartares de l’autre, eurent tout envahi.


CHAPITRE V.

Continuation du même sujet.


L’ARGENT tiré des mines de l’Amérique, transporté en Europe, de-là encore envoyé en Orient, a favorisé la navigation de l’Europe ; c’est une marchandise de plus que l’Europe reçoit en troc de l’Amérique, & qu’elle envoie en troc aux Indes. Une plus grande quantité d’or & d’argent est donc favorable, lorsqu’on regarde ces métaux comme marchandise : elle ne l’est point, lorsqu’on les regarde comme signe ; parce que leur abondance choque leur qualité de signe, qui est beaucoup fondée sur la rareté.

Avant la premiere guerre punique, le cuivre étoit à