Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/32

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réglassent là-dessus. Enfin, le change ayant donné aux hommes une facilité singuliere de transporter l’argent d’un pays à l’autre, l’argent n’a pu être rare dans un lieu, qu’il n’en vînt de tous côtés de ceux où il étoit commun.


CHAPITRE VII.

Comment le prix des choses se fixe dans la variation des richesses de signe.


L’ARGENT est le prix des marchandises ou denrées. Mais, comment se fixera ce prix ? c’est-à-dire, par quelle portion d’argent chaque chose sera-t-elle représentée ?

Si l’on compare la masse de l’or & de l’argent qui est dans le monde, avec la somme des marchandises qui y sont, il est certain que chaque denrée ou marchandise, en particulier, pourra être comparée à une certaine portion de la masse entiere de l’or & de l’argent. Comme le total de l’une est au total de l’autre, la partie de l’une sera à la partie de l’autre. Supposons qu’il n’y ait qu’une seule denrée ou marchandise dans le monde, ou qu’il n’y en ai qu’une seule qui s’achete, & qu’elle se divise comme l’argent ; cette partie de cette marchandise répondra à une partie de la masse de l’argent ; la moitié du total de l’une, à la moitié du total de l’autre ; la dixieme, la centieme, la millieme de l’une, à la dixieme, à la centieme, à la millieme de l’autre. Mais, comme ce qui forme la propriété parmi les hommes, n’est pas tout à la fois dans le commerce ; & que les métaux ou les monnoies, qui en sont les signes, n’y sont pas aussi dans le même temps ; les prix se fixeront en raison composée du total des choses avec le total des signes ; & celle du total des choses qui sont dans le commerce, avec le total des signes qui y sont aussi : &, comme les choses qui ne sont pas