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Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/79

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CHAPITRE XX.

Que les Romains furent dans la nécessité de faire des loix pour la propagation de l’espece.


LES Romains, en détruisant tous les peuples, se détruisoient eux-mêmes. Sans cesse dans l’action, l’effort & la violence, ils s’usoient, comme une arme dont on se sert toujours.

Je ne parlerai point ici de l’attention qu’ils eurent à se donner des citoyens à mesure qu’ils en perdoient[1]; des associations qu’ils firent ; des droits de cité qu’ils donnerent ; & de cette pépiniere immense de citoyens qu’ils trouverent dans leurs esclaves. Je dirai ce qu’ils firent non pas pour réparer la perte des citoyens, mais celle des hommes : &, comme ce fut le peuple du monde qui sçut le mieux accorder ses loix avec ses projets, il n’est point indifférent d’examiner ce qu’il fît à cet égard.


CHAPITRE XXI.

Des loix des Romains sur la propagation de l’espece.


LES anciennes loix de Rome chercherent beaucoup à déterminer les citoyens au mariage. Le sénat & le peuple firent souvent des réglemens là-dessus, comme le dit Auguste dans sa harangue rapportée par Dion[2].

Denys d’Halycarnasse[3] ne peut croire, qu’après


  1. J’ai traité ceci dans les considérations sur les causes de la grandeur des Romains, &c.
  2. Liv. LVI.
  3. Liv. II.