Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/82

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libat : chacun de vous a des compagnes de sa table & de son lit, & vous ne cherchez que la paix dans vos déréglemens. Citerez-vous ici l’exemple des vierges Vestales ? Donc si vous ne gardiez pas les loix de la pudicité, il faudroit vous punir comme elles. Vous êtes également mauvais citoyens, soit que tout le monde imite votre exemple, soit que personne ne le suive. Mon unique objet est la perpétuité de la république. J’ai augmenté les peines de ceux qui n’ont point obéi ; &, à l’égard des récompenses, elles sont telles que je ne sçache pas que la vertu en ait encore eu de plus grandes : il y en a de moindres qui portent mille gens à exposer leur vie ; & celles-ci ne vous engageroient pas à prendre une femme, & à nourrir des enfans ?"

Il donna la loi qu’on nomma de son nom Julia, & Pappia Poppœa du nom des consuls[1] d’une partie de cette année-là. La grandeur du mal paroissoit dans leur élection même : Dion[2] nous dit qu’ils n’étoient point mariés, & qu’ils n’avoient point d’enfans.

Cette loi d’Auguste fut proprement un code de loix, & un corps systématique de tous les réglemens qu’on pouvoit faire sur ce sujet. On y refondit les loix Juliennes[3], & on leur donna plus de force : elles ont tant de vues, elles influent sur tant de choses, qu’elles forment la plus belle partie des loix civiles des Romains.

On en trouve les morceaux dispersés dans les précieux fragmens d’Ulpien[4], dans les loix du digeste, tirées des auteurs qui ont écrit sur les loix Pappiennes ; dans les historiens & les autres auteurs qui les ont citées ; dans le code Théodosien qui les a abrogées ; dans les peres qui les ont censurées, sans doute avec


  1. Marcus Pappius Mutilus, & Q. Poppœus Sabinus. Dion, liv. LVI.
  2. Dion, liv. LVI.
  3. Le titre 14 des fragmens d’Ulpien, distingue fort bien la loi Julienne de la Pappienne.
  4. Jacques Godefroi en a fait une compilation.