Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/139

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partie de cet ouvrage demandoit de moi, avec cette hauteur de génie à laquelle je n’aurois pu atteindre.

Si tout le monde ne sent pas ce que je dis, j’ai tort.

Tout ce qui est nouveau n’est pas hardi. 5 Je crois que la plupart des choses sont bien, et que le meilleur est très rare.

192*(1866.III,f°i12).— L’allure de mon esprit est de ne pas retourner en arrière sur ce que tout le monde sait. Mais les choses les plus hardies n’offen- 10 sent pas lorsqu’on les a dites souvent, et les plus innocentes peuvent choquer les petits esprits, parce qu’elles n’ont pas encore été dites.

193* (i865. III, fi1 1 v°).— Ce livre n’étant fait pour aucun état, aucun état ne peut s’en plaindre. i5 Il est fait pour tous les hommes. On n’a jamais ouï dire qu’on se soit offensé d’un traité de Morale. On sait bien qu’à la Chine il y eut quelques empereurs qui voulurent faire brûler les livres de Philosophie et des Rites, solemnellement proscrits. Ils furent 20 plus solemnellement rétablis: l’État en avoit plus de besoin qu’aucun particulier que ce fût.

194* (1873. III, f° u3 v°). — Quand on voit des causes de prospérité dans un état qui ne prospère point, la disette régner, où la Nature avoit mis ï5 l’abondance, un lâche orgueil, là où le climat avoit promis du courage, des maux, au lieu des biens que l’on attendoit de la religion du pays: il est aisé de