Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/140

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sentir que l’on s’est écarté du but du Législateur. La difficulté est de savoir quand, comment et par où il y faut revenir. C’est dans un siècle de lumières que les hommes

5 d’État acquièrent le grand talent de faire à propos les choses bonnes. Tout le monde peut chercher à jeter quelques traits de cette lumière, sans avoir l’orgueil de devenir réformateur. Je n’ai eu devant mes yeux que mes principes:

io ils me conduisent, et je ne les mène pas.

Je suis le premier homme du Monde pour croire que ceux qui gouvernent ont de bonnes intentions. Je sais qu’il y a tel pays qui seroit (sic) mal gouverné, et qu’il seroit très difficile qu’il le fût mieux.

i5 Enfin, je vois plus que je ne juge ; je raisonne sur tout, et je ne critique rien.

195* (1870. III, f° 113). — J’estime les ministres : ce ne sont pas les hommes qui sont petits ; ce sont les affaires qui sont grandes.

20 196* (1855. III, f° 107 v°). — Plutarque a remarqué que la philosophie ancienne n’étoit autre chose que la science du gouvernement. Les Sept Sages, dit-il, si l’on en excepte un seul, ne s’attachèrent qu’à la Politique et à la Morale, et, quoique les Grecs se

25 soyent attachés, dans la suite, aux sciences de spéculation, on voit bien que leur plus haut degré d’estime étoit pour la philosophie active, et leur vrai culte, pour les gouverneurs des villes et leurs législateurs.