Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/219

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366* (1747. III, f° 60 v°). — Nombre des Habitants. — Cinquante millions d’habitants pourroient vivre sans peine dans le royaume de France1.

La terre donne toujours à proportion de ce qu’on 5 en exige. La fécondité des lieux qui sont dans le voisinage des villes nous doit faire juger de ce qu’on pourroit espérer des autres. Les troupeaux s’augmentent avec le peuple qui en prend soin.

Le bled de l’Afrique n’est point aux Africains ; celui du Nord n’est point aux peuples du Septentrion : il est à tous ceux qui veulent le changer avec le produit de leurs arts.

Plus vous aurez d’ouvriers en France, plus vous ferez de laboureurs en Barbarie. Mais un laboureur nourrira dix ouvriers.

La mer est inépuisable en poissons ; on ne manque que de pêcheurs, que de flottes, que de négociants.

Si les forêts s’épuisent, ouvrez la terre, et vous aurez des matières combustibles.

Que de philosophes et de voyageurs ont fait des découvertes devenues inutiles, parce que, dans la situation présente, l’industrie ordinaire suffit pour les besoins.

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Les philosophes n’ont pas trouvé ces choses pour nous ; elles ne seront bonnes que lorsqu’il y aura sur la Terre un grand peuple.

Pourquoi envoyez-vous dans le Nouveau-Monde tuer des bœufs, seulement pour avoir la peau?

1. Il n’y en a que 14 millions.