Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/238

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particulier qui voyage pour les affaires publiques, chaque habitant du village lui rembourse sa quotepart pour la dépense ; elle veut que ce droit d’hospitalité ne soit pas même refusé à ceux qui voyagent 5 pour leurs affaires particulières ; que celui qui le refuserait paye 3 sous d’amende, et que, si un Bourguignon, au lieu de recevoir un hôte, lui montre la maison d’un Romain, il paye, outre les 3 sous d’amende, encore 3 sous de composition pour le

io Romain. Si celui qui est reçu fait dans la maison quelque ravage, la Loi veut qu’il paye neuf fois la valeur de la chose. Tout le Code des Bourguignons est plein de bon sens « Je remarquerai ici la conformité de la loi que je

1 ^ cite avec ce que nous dit Tacite des Germains: « Qui modo hospes fuerat monstrator hospitii ; » ce qui nous fait voir que cet auteur avoit une parfaite connoissance de ces mœurs.

« Le titre XLIII de la Loi des Bourguignons est tout tiré de la loi romaine sur la forme des testaments et des donations. Les Germains, qui n’avoient point de testaments de biens, ni de donations, quand

i. « Ces loix des Bourguignons étoient extrêmement sages: elles ne songeoient qu’à rendre au corps de l’État cette union que la conquête en avoit ôté.

» Romana puella, si sine parentum [suorum] voluntate aut conscientia, se Burgundionis conjugio sociaverit, nihil se de parentum facultate noverit habituram.

» Les mariages des Bourguignons avec les Romaines étoient donc permis ; mais on vouloit empêcher les Bourguignons d’épouser les femmes romaines sans la volonté de leurs pères (titre XII des dites loix, § 5). »