Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/288

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nôtres ? — Oui, dit le jeune étranger. La ville dont nous sommes est presque aussi grande que la moitié de votre île. Ne croyez pas que mon compatriote veuille vous en imposer. Il étoit de l’âge de mon

5 père, qui, s’il vivoit aujourd’hui, n’auroit pas moins de mille quatre-vingts révolutions de lune. >

Tout le peuple se mit à rire. * Ne vous étonnez pas de cela ! reprit le jeune homme. Nous vivons longtemps dans notre famille. J’ai ouï dire à mon

10 père que mon ayeul mourut après quatre-vingt-dix fois douze lunes. Mon bisayeul en avoit soixante-dix. — Dieux ! Quels mensonges ! s’écria l’insulaire. Je suis fils de Treptalip (?). Son père s’appeloit Berzici, qui étoit fils d’Agapé, qui ne vécut que quinze ans.

i5 Le père d’Agapé étoit Narnacun, qui naquit d’une chèvre, aussi bien que Neptata, sa femme et sa sœur, dont vous êtes descendus comme nous1. »

V. LE CASUISTE

490(1o59. II, f° 62). —Il y avoit, dans Paris, un 20 casuiste d’une si grande réputation que tout le monde venoit le consulter : il étoit l’arbitre des consciences et grand conducteur dans la voye du salut.

1. Remarquez qu’il faut que ce soit le plus jeune étranger sorti de l’île qui raconte l’histoire. Remarquez que dans les Indes les femmes conçoivent à huit ans. — Peut-être pourrais-je entremêler cela d’un plus long roman.