Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/363

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livre avoit été fait pour le Roi, et il avoit été fait pour le Cardinal et pour les vues du Cardinal. Ainsi, bien loin de le publier, il falloit ne le pas publier. C’étoit une pièce secrète, qui ne devoit paroître que lorsque les circonstances n’exigeroient 5 plus qu’il (sic) ne parût pas.

2° Je n’ai point devant mes yeux les termes dont se sert le cardinal de Richelieu. Il y a apparence qu’il vouloit dire que l’on étoit en paix, parce que, quand il écrivoit, il n’y avoit point de guerre civile 10 en France, et effectivement, dans ces temps-là, l’état ordinaire de la guerre étoit la guerre civile, et, quant à la guerre étrangère, il y a eu des temps que le cardinal de Richelieu la faisoit plus faire qu’il ne la faisoit. II y en a eu où nous étions plutôt i5 auxiliaires que partie principale. De plus, comme M. de Bourzeis écrivit sur les mémoires du cardinal de Richelieu, on ne peut pas dire que cet ouvrage est d’une date, ni qu’il soit d’une année particulière. C’étoit des réflexions que le Cardinal écrivoit à 20 mesure qu’elles lui venoient. Il y a la date des réflexions ; il y a la daté de la rédaction. Ce seroit une faute trop grossière de la part de celui qui auroit fait ce testament, d’avoir ignoré si, pendant le ministère du Cardinal, on étoit en paix ou en ab guerre, et l’auteur quelconque paroît si instruit de l’état de l’Europe pendant le ministère du Cardinal qu’il ne peut pas avoir ignoré si on y étoit en paix ou en guerre.

Une autre objection de M. de Voltaire, c’est 3o l’affaire du comptant. « Le Cardinal, dit-il, auroit