Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/388

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Louis XII.

Nous voilà tombés dans un règne dont les gens de bien se souviendront toujours avec plaisir, où la vertu trouve son histoire, où l’on est charmé 5 d’écrire, afin de faire voir à ses concitoyens qu’il y a aussi des âges heureux pour les monarchies, et que la sujétion a ses avantages, comme la liberté, ses inconvénients.

C’est pour lors qu’il dit cette parole qui ne s’ou10 bliera jamais : « Un roi de France ne venge pas les injures du duc d’Orléans. »

La république de Venise augmentoit tous les jours ses richesses et son insolence. Elle avoit pour lors cette puissance qu’ont, tour à tour, les nations i5 qui font le commerce de l’Orient.

Mais le jour de la bataille de devoit être son

dernier jour, comme celui de la bataille de Cannes auroit dû être le dernier de Rome.

Louis XII. — Ce prince auroit fait aimer la sujé20 tion, si elle étoit odieuse ; il auroit été capable de rendre plus supportable le pouvoir arbitraire, que d’autres, la liberté. Il eut un ministre selon son cœur. Il gouverna ses sujets comme sa famille, sans passions, comme les loix, et sans bruit, comme le 23 Ciel. Il ne pensa jamais que ce qu’un homme de