vinces, et, le moindre d’entre eux étant un personnage important, on trouve sur sa tête mille favoris, au lieu d’un, et l’on ne voit de tous côtés que des maîtres.
5 659* (1994. III, f° 289). — Il faut que l’autorité du Souverain soit communiquée à autant de gens qu’il est nécessaire, et à aussi peu qu’il est possible. Le Prince en doit faire part à ses ministres ; mais il faut qu’elle reste dans leurs mains et ne passe pas
10 dans d’autres.
Il faut surtout que le Prince se garde des affections particulières : un certain corps, de certains hommes, de certains habits, de certaines opinions. Sans cela, il se rétrécit à faire pitié. La Providence
i5 l’avoit fait pour avoir une affection générale ; elle lui avoit donné de grands objets. On ne dit pas qu’il renonce à son cœur — il ne le doit, ni ne le peut—, mais à ses fantaisies. Le premier talent d’un grand prince est celui de
20 savoir bien choisir les hommes : car, comme, de quelque façon qu’il s’y prenne, ses ministres ou ses officiers auront plus de part dans les affaires que lui, il ne sauroit les avoir trop habiles, ni trop gens de bien. Il faut donc qu’il se mette dans l’esprit que ce
î5 choix n’est pas une affaire de goût, mais de raison ; qu’un homme qui lui plaît n’est pas ordinairement un plus habile homme qu’un homme qui ne lui plaît pas ; et que, quelque temps qu’on perde à lui faire sa cour, on n’en vaut pas mieux, et que très souvent
3o on en vaut moins.