Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/218

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que l’idée des quatre âges du Monde vient des quatre âges de la vie de l’homme. Si donc la seule philosophie un peu connue échappe au système, que dire de celle des autres peuples ?

h 1464(396.I, p. 365). — Horace et Aristote nous ont déjà parlé des vertus de leurs pères et des vices de leur temps, et les auteurs, de siècle en siècle, ont parlé de même. S’ils avoient dit vrai, les hommes seroient à présent des ours. Il me semble que ce qui 1o fait raisonner ainsi tous les hommes, c’est que nous avons vu nos pères et nos maîtres qui nous corri geoient, et que nous les croyons exempts des défauts dont ils nous corrigeoient. Ce n’est pas tout. Les hommes ont si mauvaise 15 opinion d’eux qu’ils ont cru, non seulement que leur esprit et leur âme avoient dégénéré, mais aussi leur corps, et qu’

ils étoient devenus moins grands, et non seulement eux, mais les animaux ; la terre, moins fertile ; eux, moins parfaits. C’étoit l’opinion des Stoï

2o ciens, Égyptiens. (Voyez mon extrait de Coringius, De Habitu Corporum Germanorum.) Saint Cyprien, qui raisonne fort mal, avertit un hérétique qu’il n’y a plus tant de pluie l’hiver, tant de chaleur l’été, moins de marbres dans les montagnes, moins d’or etd’ar

25 gent, moins de concorde dans les amitiés, moins de laboureurs dans les champs, et autres sottises.

De plus, on voit, dans les histoires, les hommes peints en beau, et on ne trouve pas tels ceux que l’on voit ; et il y a de certains défauts qu’il faut voir

3o pour les sentir, tels que les habituels.