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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/264

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De l’esprit des Lois,

naires ; car la liberté n’imagine point ces sortes de peines : mais elles seroient si réprimantes, qu’elles feroient tout le mal qui peut se faire de sang-froid.

Il pourroit arriver de mille manieres, que le clergé auroit si peu de crédit, que les autres citoyens en auroient davantage. Ainsi, au lieu de se séparer, il aimeroit mieux supporter les mêmes charges que les laïques, & ne faire à cet égard qu’un même corps : mais comme il chercheroit toujours à s’attirer le respect du peuple, il se distingueroit par une vie plus retirée, une conduite plus réservée, & des mœurs plus pures.

Ce clergé ne pouvant protéger la religion ni être protégé par elle, sans force pour contraindre, chercheroit à persuader : on verroit sortir de la plume de très-bons ouvrages, pour prouver la révélation & la providence du grand Être.

Il pourroit arriver qu’on éluderoit ses assemblées, & qu’on ne voudroit pas lui permettre de corriger ses abus mêmes ; & que, par un délire de la liberté, on aimeroit mieux laisser sa reforme imparfaite, que de souffrir qu’il fût réformateur.

Les dignités faisant partie de la constitution fondamentale, seroient plus fixes