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Liv. XXI. Chap. IX.

vaseuse[1], & par conséquent très-peu propre à la navigation. Tout cela fit que l’on ne vit jamais que l’océan.

L’armée d’Alexandre n’avoit été, du côté de l’orient, que jusqu’à l’Hypanis, qui est la derniere des rivieres qui se jettent dans l’Indus. Ainsi le premier commerce que les Grecs eurent aux Indes se fit dans une très-petite partie du pays. Séleucus Nicator pénetra jusqu’au Gange[2] : & par-là on découvrit la mer où ce fleuve se jette, c’est-à-dire, le golfe de Bengale. Aujourd’hui l’on découvre les terres par les voyages de mer ; autrefois on découvroit les mers par la conquête des terres.

Strabon[3], malgré le témoignage d’Appollodore, paroît douter que les rois[4] Grecs de Bactriane soient allés plus loin que Séleucus & Alexandre. Quand il seroit vrai qu’ils n’auroient pas été plus loin vers l’orient que Séleucus, ils allerent plus loin vers le midi : ils découvrirent[5] Siger & des ports dans

  1. Voyez la carte du czar.
  2. Pline, liv. VI, ch. XVII.
  3. Liv. XV.
  4. Les Macédoniens de la Bactriane, des Indes & de l’Ariane s’étant séparés du royaume de Syrie, formerent un grand état.
  5. Apollonius Adramittin, dans Strabon, liv. XI.