navigation, dont l’objet étoit de faire des découvertes plus avant vers le midi. Il ne prit presque aucune connoissance du continent. L’étendue des côtes qu’il suivit, fut de vingt-six jours de navigation, & il fut obligé de revenir faute de vivres. Il paroît que les Carthaginois ne firent aucun usage de cette entreprise d’Hannon. Scylax[1] dit qu’au-delà de Cerné, la mer n’est pas navigable[2], parce qu’elle y est basse, pleine de limon & d’herbes marines : effectivement il y en a beaucoup dans ces parages[3]. Les marchands Carthaginois dont parle Scylax, pouvoient trouver des obstacles qu’Hannon qui avoit soixante navires de cinquante rames chacun, avoit vaincus. Les difficultés sont relatives ; & de plus, on ne doit pas confondre une entreprise qui a la hardiesse & la témérité pour objet, avec ce qui est l’effet d’une conduite ordinaire.
- ↑ Voyez son Périple, article de Carthage.
- ↑ Voyez Hérodote, in Melpomene, sur les obstacles que Sataspe trouva.
- ↑ Voyez les cartes & les relations, le premier volume des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, part. I. pag. 201. Cette herbe couvre tellement la surface de la mer, qu’on a de la peine à voir l’eau ; & les vaisseaux ne peuvent passer au travers que par un vent frais.