Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
331
Liv. XXI. Chap. XV.


Domitien, prince timide, fit arracher les vignes[1] dans la Gaule, de crainte sans doute que cette liqueur n’y attirât les barbares, comme elle les avoit autrefois attirés en Italie. Probus & Julien, qui ne les redouterent jamais, en rétablirent la plantation.

Je sais bien que dans la foiblesse de l’empire, les barbares obligerent les Romains d’établir des étapes[2] & de commercer avec eux. Mais cela même prouve que l’esprit des Romains étoit de ne pas commercer.




CHAPITRE XVI.

Du commerce des Romains avec l’Arabie & les Indes.


Le négoce de l’Arabie heureuse & celui des Indes furent les deux branches, & presque les seules, du commerce extérieur. Les Arabes avoient de grandes richesses : ils les tiroient de leurs mers & de leurs forêts ; & comme

  1. Leg. II. quæ res exporti non debeant ; & Procope, guerre des Perses, liv. I.
  2. Voyez les considérations sur les causes de la grandeur des Romains & de leur décadence. Paris, 1755.