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De l’esprit des Lois,

dîmes : c’étoit encore un grand exemple.

Mais le bas peuple n’est guere capable d’abandonner ses intérêts par des exemples. Le synode de Francfort[1] lui présenta un motif plus pressant pour payer les dîmes. On y fit un capitulaire, dans lequel il est dit que[2], dans la derniere famine, on avoit trouvé les épis de blé vuides ; qu’ils avoient été dévorés par les démons, & qu’on avoit entendu leurs voix qui reprochoient de n’avoir pas payé la dîme : &, en conséquence, il fut ordonné à tous ceux qui tenoient les biens ecclésiastiques, de payer la dîme ; &, en conséquence encore, on l’ordonna à tous.

Le projet de Charlemagne ne réussit pas d’abord : cette charge parut accablante[3]. Le paiement des dîmes chez les Juifs étoit entré dans le plan de la

  1. Tenu sous Charlemagne, l’an 794.
  2. Experimento enim didicimus in anno quo illo valida fames irrepsit, ebullire vacuas annonas à dæmonibus devoratas, & voces exprobrationis auditas, &c. édit de Baluez, page 267, art. 23.
  3. Voyez entr’autres le capitulaire de Louis le débonnaire, de l’an 829, édit. de Baluze, p. 663, contre ceux qui, dans la vue de ne pas payer la dîme, ne cultivoient point leurs terres ; &, art. 5. Nodis quidem & decimis, unde & genitor noster & nos frequenter in diversis placitis admonitionem fecimus.