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Liv. XXX. Chap. XIV.

étoit précisément le cens des romains ; & ils en ont tiré cette conséquence, que nos rois des deux premieres races s’étoient mis à la place des empereurs Romains, & n’avoient rien changé à leur administration[1]. Et comme de certains droits levés dans la seconde race ont été par quelques hasards & par de certaines modifications[2] convertis en d’autres, ils en ont conclu que ces droits étoient le cens des Romains : & comme depuis les réglemens modernes ils ont vu que le domaine de la couronne étoit absolument inaliénable, ils ont dit que ces droits qui représentoient le cens des Romains, & qui ne forment pas une partie de ce domaine, étoient de pures usurpations. Je laisse les autres conséquences.

Transporter dans des siecles reculés toutes les idées du siecle où l’on vit, c’est des sources de l’erreur celle qui est la plus féconde. À ces gens qui veulent rendre modernes tous les siecles anciens,

  1. Voyez la foiblesse des raisons de M. l’abbé Dubos, établissement de la monarchie Françoise, tome III, liv. VI, ch. xiv ; sur-tout l’induction qu’il tire d’un passage de Grégoire de Tours, sur un démêlé de son église avec le roi Charibert.
  2. Par exemple, par les affranchissemens.