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De l’esprit des Lois,

je dirai ce que les prêtres d’Égypte dirent à Solon : « Ô Athéniens, vous n’êtes que des enfans » !




CHAPITRE XV.

Que ce qu’on appelloit census ne se levoit que sur les serfs, & non pas sur les hommes libres.


Le roi, les ecclésiastiques & les seigneurs levoient des tributs réglés, chacun sur les serfs de ses domaines. Je le prouve, à l’égard du roi, par le capitulaire de Villis ; à l’égard des ecclésiastiques, par les codes[1] des lois des Barbares ; à l’égard des seigneurs, par les réglemens[2] que Charlemagne fit là-dessus.

Ces tributs étoient appelés census : c’étoient des droits économiques & non pas fiscaux, des redevances uniquement privées & non pas des charges publiques.

Je dis que ce qu’on appeloit census étoit un tribut levé sur les serfs. Je le

  1. Loi des Allemands, ch. xxii ; & la loi des Bavarois, tit. I, ch. xiv, où l’on trouve les réglemens que les ecclésiastiques firent sur leur état.
  2. Livre V des capitulaires, ch. ccciii.