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Liv. XXX. Chap. XV.

prouve par une formule de Marculse, qui contient une permission du roi de se faire clerc, pourvu qu’on soit ingénu[1] & qu’on ne soit point inscrit dans le registre du cens. Je le prouve encore par une commission que Charlemagne donne à un comte[2] qu’il envoya dans les contrées de Saxe ; elle contient l’affranchissement des Saxons, à cause qu’ils avoient embrassé le christianisme, & c’est proprement une chartre d’ingénuité[3]. Ce prince les rétablit dans leur premiere liberté civile, & les exempte de payer le cens[4]. C’étoit donc une même chose d’être serf & de payer le cens, d’être libre & de ne le payer pas.

Par une espece de lettres patentes du même prince[5] en faveur des Espagnols qui avoient été reçus dans la monarchie, il est défendu aux comtes d’exiger d’eux aucun cens & de

  1. Si ille de capite suo benè ingenuus sit, & in puletico publico consitus non est. Livre I, formule 19.
  2. De l’an 789, édition des capitulaires de Baluze, tome I, page 250.
  3. Et ut ista ingenuitatis pagina firma stabilisque consistat, ibid.
  4. Prisunæque libertati donatos, & omni nobis debito censu solutos, ibid.
  5. Præceptum pro Hispanis, de l’an 812, édit. de Baluze, tome I, page 500.