Page:Montesquiou - Diptyque de Flandre, triptyque de France, 1921.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le sais-tu, oui ! pour moi voici des ans, voici
Toujours que ton sourire éblouissant prolonge
La même rose avec son bel été qui plonge
Dans autrefois, et puis dans le futur aussi.

Mon cœur qui, dans les nuits, parfois cherche à s’entendre
Ou de quel dernier mot t’appeler le plus tendre
S’exalte en celui rien que chuchoté de sœur.

N’était, très grand trésor et tête si petite,
Que tu m’enseignes bien toute une autre douceur
Tout bas par le baiser seul dans tes cheveux dite. »


SONNET DU Ier JANVIER 1888

« Chéry, sans trop d’aurore à la fois enflammant
La rose qui, cruelle ou déchirée et lasse
Même du blanc habit de pourpre le délace
Pour ouïr dans sa chair pleurer le diamant.

Oui, sans ces crises de rosée ! et gentiment
Ni brise si le ciel avec, orageux, passe,
Jalouse d’apporter on ne sait quel espace
Au simple au jour le jour très vrai du sentiment.

Ne te semble-t-il pas, Chéry, que chaque année
D’où sur ton front renaît la grâce spontanée
Suffise selon quelque apparence, et pour moi,