Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/113

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tesse, elle l’oubliait. Si mobile et si entièrement à l’instant présent, déjà elle ne pensait plus qu’aux objets qui naissaient de mon crayon, elle était encore une fois émerveillée, elle me regardait avec bonheur.

Me rappelant ce qu’elle m’avait objecté la veille quand je lui parlais de Fleur-des-Bois : qu’elle, elle n’avait jamais vu de bois, j’avais dessiné un bois… Et je lui disais la douceur de l’ombre fraîche, la mollesse de la mousse, le murmure des ruisseaux, le chant des oiseaux cachés dans les feuilles. Puis j’avais fait des arbres pour lui montrer les différentes espèces, celles qui poussent en Bretagne, celles qui viennent dans le Midi : un chêne, un peuplier, un pin, un oranger. Je lui avais parlé des fruits aussi : elle ne connaissait guère que les fraises que ses parents cultivaient dans l’île, et les pommes dont ils faisaient rapporter du continent des paniers par Toussaint. J’avais peint des cerises, des pêches, des oranges, du rai-