Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/114

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sin. Je me perfectionnais dans la nature morte… Elle connaissait presque toutes les bêtes par son livre de contes, mais elle en savait mal la forme. Je lui fis le portrait de Babiole, la petite guenuche, et celui du gros singe Mirlifiche. Cela l’amusa.

Je la regardais avec ravissement. Était-il jamais arrivé à personne une pareille aventure ?… À celle que j’aimais j’apprenais tout. Je lui apportais véritablement l’univers.

Et maintenant que sa curiosité était éveillée, et que j’avais trouvé ce moyen de lui dessiner ce qu’elle ne pouvait se représenter, et ainsi d’écarter d’elle le découragement, elle me questionnait à perte de vue. Tout l’attirait, tout l’intriguait, tout la séduisait. Elle voulait tout connaître. Son premier éblouissement était déjà passé ; elle avait soif de savoir. J’avais la clef du monde : j’avais ouvert la porte ; elle était entrée, d’abord timidement, à pas hésitants ; maintenant elle