Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/120

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l’heure, quelle joie ! quelle délivrance !… Je respirais. Tout était redevenu magnifique, le ciel, la mer, la vie !

Anne, en me voyant rire, se mit à rire, elle aussi. J’avais ouvert mes bras, elle s’était redressée, elle prenait sa chèvre par le cou et l’embrassait.

Elle revint s’asseoir près de moi. Elle avait retrouvé son air gai, ses beaux yeux étaient de nouveau remplis de lumière. Je lui pris la main et je lui dis :

— Anne ! Anne ! divine petite enfant, ainsi vous avez cru que je pourrais vous quitter !… Et pourquoi ?

Cette idée que c’était la crainte de mon départ qui l’avait ainsi désespérée, m’enivrait, me transportait.

Elle me raconta alors, peu à peu, tout ce qu’elle avait pensé depuis hier… Parfois, confuse, elle s’arrêtait, et elle couvrait son visage de ses mains, ou bien, par un geste encore