Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/142

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dormir, que j’avais lu et relu et baisé passionnément ses billets, que tout occupé d’elle, que l’évoquant, soupirant, je me tournais et me retournais sur mon lit, il faisait un clair de lune admirable, dont je voyais l’éclat par la fenêtre, dans le fossé du fort. Je me levai. À peine vêtu, je sortis. J’avais besoin d’air et de mouvement. Il me fallait calmer ma fièvre.

J’allai. J’allai dans la nuit muette, sans but, sous l’enchantement de la lune. C’était un spectacle de rêve, une vision mystérieuse et surnaturelle. Un silence magique enveloppait l’île. En haut de la voûte profonde, la lune éclatante et pâle brillait silencieusement. Des millions d’étoiles scintillaient. Mon ombre noire marchait devant moi sur le sol laiteux. J’avançais dans un paysage supra-terrestre, dans l’au-delà, dans un songe. L’air me semblait tiède, et je frémissais.

Je gagnai le bord de la mer. La mer immense paraissait dormir d’un sommeil