Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/150

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avertissement, la prudence me paraissait à présent nécessaire. Si écarté et si désert que se trouvât l’endroit où je rencontrais Anne, on y pouvait cependant être vu…

Je remontai au grand fort avec Yvon. J’ai toujours plaisir à le voir. C’est une nature droite, un cœur sincère et spontané. Il m’a plu dès le premier instant, et je crois qu’il m’aime bien, lui aussi. Nous devisions en marchant. Les jours étaient déjà beaucoup plus courts ; mon compagnon parlait de la saison qui allait changer, de la mer qui bientôt deviendrait méchante… Nous portions chacun des bouteilles, du pain, quelques provisions que je ramenais chez moi. Le soleil s’était couché, il faisait presque nuit quand nous arrivâmes.

J’entrai, j’allumai ma lampe, et nous préparâmes le dîner. Puis, dans un angle de la grande salle qui me servait de logis, nous nous mîmes à manger en tête-à-tête, amica-