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Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/166

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Nous faisions d’abord le tour de notre domaine et nous poussions quelques exclamations, car nous découvrions toujours des choses nouvelles et admirables.

Puis elle s’asseyait. Je faisais couler du sable sur ses mains, lentement, du sable très fin, très doux. Mais cela évoquait pour moi irrésistiblement la fuite continue des heures : une tristesse m’envahissait ; je laissais ce jeu. J’eusse voulu qu’il n’y eût ni passé, ni avenir, mais un présent éternel. À cette pensée je soupirais. Elle me demandait la raison de mes soupirs. Je ne répondais point. Elle était étendue sur notre lit d’herbes marines ; elle était adorable. J’étais penché sur elle et je regardais longuement dans ses yeux. Je souhaitais de m’y perdre, de m’y noyer, et par eux de pénétrer tout entier dans sa vie… En cette grotte silencieuse, retirée du monde, nous écoutions battre ensemble nos deux cœurs ; rien ne nous distrayait ; notre pensée