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Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/189

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Méditerranée, d’un bleu épais, le ciel plus pâle : laiteux, aucune brume, l’atmosphère complètement nettoyée et, sur une mer saphir, un ciel turquoise… mais c’était un faux matin d’été, tout n’était plus que tromperie, tout qu’apparence : un jeu cruel pour nous illusionner, pour endormir notre inquiétude, pour engourdir notre pressentiment…

Le vent se leva… le vent méchant, le vent sinistre, le vent si dur aux gens de l’île… Il soufflait sans cesse, tantôt grondant sourdement, d’une voix basse et continue, tantôt furieux, comme s’il eût voulu tout enfoncer et tout crever, arrivant au grand galop, avec un roulement de canon… Je me tenais dans la salle du fort, j’étais triste et inquiet, j’étais énervé. J’écoutais, assis, les yeux fixés au sol. Dehors, je ne sais quoi de disjoint, de descellé, de démanché, tremblait, cliquetait, tapait à petits coups… J’écoutais. Le vent bougonnait. Il élevait la voix, il se fâchait, il