Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/195

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tant je me suis assoupie, et j’ai rêvé que tu étais parti, que tu étais loin, et que j’étais toute seule ici. J’ai trop souffert. Je me suis réveillée, je sanglotais. Je veux partir avec toi. Je n’ai que toi.

— Mais tes parents…

— Je les ai regardés hier soir, tandis que nous dînions. Papa est dur, il est sombre. Il n’a jamais eu de tendresse pour moi ; jamais il ne me parle. Même quand j’étais toute petite, il ne me caressait pas. Je pense qu’il aurait préféré un garçon : il m’en veut d’être une fille. Il mange sans rien dire. Puis il se lève et il s’en va. Maman s’occupe à peine de moi, elle ne se confie pas à moi. Je suis là pour coudre… Non ! non, ils ne n’aiment pas !…

— Et Houat ?

Elle soupira :

— J’y penserai quelquefois, peut-être souvent. J’y étais bien seule, mais justement,