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Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/20

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Enfin le dieu des navigateurs eut pitié de nous. Il nous redonna quelques souffles d’air. La voile parut revivre, elle palpita et se gonfla comme une poitrine, et notre barque repartit, tandis que la lune devenait brillante, et que toutes les étoiles s’allumaient dans le ciel.

L’enthousiasme me saisit alors. Cette solitude sur une coquille de noix, au milieu de l’immense mer étincelante, avec ces deux compagnons taciturnes, c’était exaltant ! Vers quelle terre voguais-je ? Pour quelle île m’étais-je embarqué, pour quel univers inconnu ? Pour quelle passion, quel malheur ou quel bonheur ?… Une émotion profonde m’avait envahi. Il me semblait que cette île si désirée, vers laquelle maintenant le vent me poussait, contenait une page de ma destinée. J’étais impatient, un peu anxieux et enivré…