Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/206

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Lui-même n’y était pas rentré depuis des années. Et, ma foi ! il l’avait oubliée. C’est ma question de l’autre jour qui l’en avait fait ressouvenir… Je la lui décrivais. Elle était bien telle toujours qu’il l’avait vue autrefois, quand, enfant, il l’avait découverte, alors qu’il s’amusait à fouiller, comme une fouine, tous les coins et les recoins de l’île.

Nous nous attardions sur ce sujet. Je reculais devant l’autre, je n’osais pas l’aborder. J’étais pris d’une singulière timidité. La demande que je voulais faire à Yvon m’apparaissait à présent énorme, exorbitante. Je n’y avais pas encore bien réfléchi. À présent les difficultés me semblaient considérables, presque insurmontables. Et si la chose n’allait pas pouvoir se faire !… J’avais peur, je repoussais l’instant pénible où l’impossibilité de mon projet me serait démontrée. Nous nous assîmes, je me mis à manger en silence. J’étais soucieux… De temps en temps, je levais