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Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/220

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raison, que j’agissais bien, que c’était mon devoir d’écouter mon cœur, d’enlever Anne. J’obéissais aux forces mystérieuses de la vie et de la nature. Ces mêmes forces, d’accord avec moi, me soutenaient dans mon entreprise. Le soleil m’approuvait : il m’offrait son alliance.

Je me sentais léger, triomphant. Dans les sombres escaliers du fort, je volais. Je parcourais en chantant ses galeries presque obscures. Je n’avais pas été long à faire mon sac, à ranger ma boîte de couleurs, à ficeler mes toiles, et maintenant je marchais de long en large dans cette vaste casemate qui m’avait servi de chambre. Je l’examinais d’un œil à moitié ironique, à moitié attendri. Je regardais les cartes de géographie au mur, les pupitres et les bancs des écoliers dans un coin ; je considérais le parquet de terre battue, la fenêtre grillée, la vue sur le fossé, arrêtée par les fortifications gazonnées, et je