Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/238

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gouffres sans nom, parmi des avalanches et des cataractes, au milieu d’un tumulte épouvantable…

La lune parut à cet instant, et me fit voir, flottant comme une épave, ses cheveux allongés sur l’eau comme des algues, Anne !…

Je poussai un cri de douleur, et de toutes mes forces, je me mis à nager pour l’atteindre… Arriverais-je, arriverais-je à temps ?… J’étais éperdu. Je donnais dans le flot des coups de pied furieux. Je me ramassais sur moi-même, puis je me détendais, forcené, farouche. Mais il ne me semblait pas me rapprocher d’elle. Je hurlais. Je maudissais la mer atroce, j’injuriais Dieu. J’étais fou. Cependant une vague me jeta contre elle. Je la saisis avec passion, avec désespoir. Elle avait les yeux fermés ; sa tête retombait en arrière : était-elle morte ? J’essayai de la maintenir au-dessus de l’eau, et je continuai à nager, mais j’étais épuisé, je n’avais plus de