Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/73

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au soleil, puisqu’il n’y a pas d’arbres et que l’ombre est inconnue dans cette île. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, songeur. Les chèvres avaient fini par s’habituer tout à fait à moi, elles venaient jusque près de mes pieds, tirer du sol des pousses, de leurs longues dents. C’est vrai que ce sont de belles bêtes et qu’elles ne ressemblent pas à des chèvres ordinaires…

Il ne se passait rien dans le fort. Comme l’autre jour, on l’aurait cru inhabité. Mais tout à coup il est arrivé quelque chose, une chose que je n’attendais pas : la silhouette d’une femme s’est montrée, elle s’est avancée un peu dans la direction de la mer, elle a paru la considérer un instant, et puis elle est rentrée.

L’attention, l’avidité presque, avec laquelle j’ai regardé cette apparition est singulière. La forme était longue, gracieuse. Elle portait une robe blanche et un grand chapeau de