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Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/87

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Quant à Roudil, le garde-champêtre, je ne le vois plus, il mène paître ses vaches d’un autre côté, elles ne trouvaient plus rien à manger par ici.

C’est une vie paisible, une existence quasi monastique, qui convient assez à mon caractère. Je n’ai jamais été modéré. La passion me domine, les crises se succèdent au cours de mes jours. Il m’est arrivé de me donner entièrement au monde, ou à la débauche, ou à l’amour. Aujourd’hui je me livre sans restriction à la solitude. Vais-je m’incorporer complètement à la nature, vais-je devenir comme un fragment animé de cette île ? Quand je suis devant ma toile et que je peins, il me semble que je deviens pareil au soleil, à la lande, au vent et à la mer.